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3. Une exposition
Cette exposition a vu le jour grâce à une rencontre entre l’artiste et Félix de Merode en 2012. Ce dernier, directeur du Lycée Molière, met un point d’honneur à initier ses élèves à la culture artistique. La peinture constitue à ses yeux un outil inestimable pour transmettre aux jeunes un regard émerveillé sur le monde... Guillermo Muñoz Vera accorde également une part essentielle à la transmission du savoir, comme en témoigne la création de la fondation d’art et d’auteurs contemporains Arauco où il occupe la fonction de directeur et enseigne la peinture et le dessin. La peinture doit selon eux constituer un vecteur d’éducation, amenant le spectateur autant que l’artiste, par l’interface de la forme sensible, à penser, à réfléchir et à trouver sa place dans le monde, sans rien lui dénier de sa complexité.

Éduquer, pour Muñoz Vera, c’est avant tout apprendre l'altérité, amener à la découverte de l’autre sans céder aux préjugés; c’est aussi, par le biais d’une constante curiosité, ouvrir au doute, condition essentielle à la formation d’un esprit critique. Eduquer, c’est enfin former des citoyens libres et aptes à affronter les défis d’une société numérisée et mondialisée.

L’œuvre de Muñoz Vera se veut hyperréaliste. Grâce aux lois de la géométrie et des mathématiques, elle dépeint des moments et des ambiances uniques arrêtés en un temps donné de notre histoire. Ces images révèlent par les détails de l'architecture, les paysages, la cartographie, ou des navires sillonnant les mers inexplorées, un état du monde intimement lié à la construction de l’identité et de la conscience méditerranéennes dans ses liens avec le Nouveau-Monde.

Des personnages de notre histoire commune, récepteurs et passeurs de la connaissance technologique, scientifique et artistique constituent les sujets privilégiés de cette histoire suggestive et originale. Muñoz Vera rend ainsi hommage à ces grands hommes, qu’il sublime dans un langage pictural hérité en droite ligne des maîtres de la peinture espagnole du XVIIe siècle (Velázquez, Ribera, Zurbaran) ainsi que des primitifs flamands et de l’école hollandaise qui constituent ses références. C’est en quête de la longue tradition du réalisme espagnol que Muñoz Vera a choisi de s’installer en Espagne pour y poursuivre son œuvre.

Une des œuvres de l’exposition constitue un bon exemple de cette démarche. Celle-ci représente le juriste, voyageur et écrivain d’Al- Andalous "Ibn Jubayr" représenté debout accompagné de cartes et de livres, l’air songeur devant une mer calme qui invite au voyage. Un usage densément contrasté de l’ombre et de la lumière confère au tableau une surprenante puissance. Ibn Jubayr est connu pour sa Relation de voyages décrivant les pèlerinages qu’il a réalisés à la Mecque entre 1184 et 1191; cette œuvre contribuera de manière déterminante à l’émergence du récit de voyage comme genre littéraire en tant que tel.

Nous pouvons dire, en guise de conclusion, que la production artistique de Munoz Vera consiste en un questionnement formel, mené au moyen d’une technique picturale héritée des maîtres des siècles antérieurs, sur les fondements de notre identité commune, soumise plus que jamais dans l’expérience du monde contemporain à un déchirant bouleversement.